Présentation du chantier
SELEFA a ouvert un chantier sur « Les noms de
plantes ».
Ce
chantier possède une intersection avec deux autres chantiers : « Le
corpus des mots dʼorigine mésopotamienne » ainsi que « Les mots arabes
et orientaux dans les arts culinaires ». Lʼintérêt de Philippe Boutrolle
pour la nomenclature botanique nous a conduit à privilégier, dans ces deux
chantiers, les noms de plante.
Voilà qui a permis, à ce jour, de
consacrer plusieurs séances SELEFA à ces questions. Ainsi :
* La séance du 12/10/2005
permit à Roland Laffitte de faire le point sur le mot
sésame,
et à Olympe Lemut un autre concernant le terme
safran.
* Le 15/03/2006, Philippe Boutrolle présenta une liste de
termes botaniques élaborée à partir des dictionnaires usuels.
* La séance du 18/10/2006 fut consacrée au terme
safran. L’idée de départ de mettre de ce terme dans le corpus des mots
d’origine mésopotamienne s’étant avérée problématique, Olympe Lemut fit
le point sur la documentation mésopotamienne ; Philippe Boutrolle exposa
les données de la paléobotanique sur cette plante et les plantes voisines ;
et Roland Laffitte exposa l’hypothèse d’un dérivation des termes
عصفر
cusfur « carthame », et
ﺰﻋﻓﺮﺍﻦ
zacfarān, « safran », de la racine arabe SFR.
* Lors de la séance du 14/02/2007,
Philippe Boutrolle fit d’abord un point
paléobotanique sur le pistachier vrai,
Pistacia vera L. Natif d’Asie centrale, il
a été introduit en Asie occidentale au cours du dernier millénaire av. è.c.
via le persan de cette époque – nous avons aujourd’hui le terme pistak
pour une autre plante –, son nom s’est étendu aux langues sémitiques (aram.
pistaqā
> ar.
fustuq)
et au grec (pistakia).
Le pistachier vrai a donc reçu un nom importé différent des espèces
autochtones très proches,
therébintos
chez les Grecs, et <bðm>
dans les langues sémitiques (akk. buðnu,
aram. buðmā,
ar. buðm),
dont les drupes étaient récoltées depuis très longtemps, probablement 8.000
ans av. è.c. Roland Laffitte recensa ensuite les termes empruntés à
l’arabe et aux langues orientales déjà répertoriés mais dont l’étymologie
mérite remarques et compléments d’explication. Outre le terme
pistache
déjà évoqué, c’est notamment le cas de balsame
et beaume, casse,
cinnamome, curcuma,
galanga – ou
garingal –,
lime et
limon,
orange,
pastèque,
potiron, etc. Un accent
particulier fut mis sur girofle
dont la réalité botanique semble différente de celle du gariophyllon
décrit par Pline l’Ancien, et au sujet duquel fut évoquée l’hypothèse d’une
parenté avec l’ar.
قرنفل
qaranful,
lui-même dérivé d’une langue du site natif du
Syzygium aromaticum L., soit l’île de
Ternate, dans les Moluques, ou d’une langue voisine de ce lieu,
cf. malyalam
grampu,
tamīl kirāmpu,
thaï kanphlu,
khmer khan pluu, etc.
* La séance du 13/06/2007 fut lʼoccasion d'un
retour
sur les noms des térébinthes dans le Moyen-Orient ancien, avec
Philippe Boutrolle, et sur l’akkadien
buðnu
avec Olympe Lemut.
Ces travaux ont déjà permis la publication
des articles suivants dans notre Bulletin :
* EL HOUSSI,
Abdelmajid,
«
Richesse des emprunts à lʼarabe
البرقوق
al-barqūq
», Bull.
SELEFA n° 1,
2ème sem. 2002.
*
Laffitte, Roland,
«
Sur lʼusage et lʼétymologie de loubia
», Bull. SELEFA n° 4, 2ème sem. 2004.
*
Lemut, Olympe,
« Diffusion du nom du cumin à partir de
la Mésopotamie
», Bull. SELEFA n° 5, 1er sem. 2005.
*
Lemut, Olympe,
« Diffusion du nom du sésame à partir de
la Mésopotamie
», Bull. SELEFA n° 6, 2ème sem. 2005.
*
Boutrolle, Philippe,
Laffitte, Roland
& Lemut, Olympe,
« Considérations
sur l’origine du mot safran
»,
Bull. SELEFA n° 8, 2ème sem. 2006.
*
Boutrolle, Philippe, Laffitte,
Roland,
«
Les chemins de la pistache
», Bull.
SELEFA n° 10, 2ème sem. 2007.
*
Laffitte, Roland,
« Sur albotin,
terme emprunté à l’arabe
», Bull. SELEFA n° 10, 2ème sem. 2007.
*
Boutrolle, Philippe, Laffitte,
Roland & Lemut, Olympe,
« En amont de l’arabe
البطم
al-buðm
»,
Bull. SELEFA n° 10, 2ème sem. 2007.
*
Lemut, Olympe
&
Laffitte, Roland,
«
Sur l’origine
du mot
caroube
»,
Bull. SELEFA n° 9, 1er sem. 2007.
Nous nous proposons de publier ici, au titre
de matériaux de travail pour les différents termes, des matériaux divers non
publiés, des compléments de notes, des bibliographies, etc.
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