HOMMAGE À :

 

 

 

 

 

 

 

 

Giovan Battista Pellegrini

 

 

 

 

Dernière mise à jour le mardi 25 novembre 2008

         

 

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* Hommage rendu dans notre Bulletin 9

 

Hommage rendu dans notre Bulletin n° 9, 1er semestre 2007

 

 

 

Giovan Battista Pellegrini

par Abdelmajid El Houssi

Giovan Battista Pellegrini vient de nous quitter. Il laisse en nous, ses élèves, ses amis, et chez tous ceux qui l’ont connu, le souvenir d’un savant affable, qui avait le sens de l’amitié et de la fidélité.

Sa carrière d’universitaire et de chercheur est connue de tous. Elle fut brillante et là où il est passé, aux universités de Pise, de Palerme, de Trieste et enfin de Padoue, voire au Conseil de l’Istituto Etrusco e Italico de Florence, à l’Istituto veneto di scienze, lettere e arti de Venise, à l’Accademia Patavina de Padoue, à la Société internationale de Budapest, ville qui l’a vénéré en lui accordant, en tant que représentant italien de la Société des Sciences onomastiques, le doctorat honoris causa. Il a fait preuve, pour plus d’un demi-siècle, d’une grande compétence et surtout d’un sens élevé du dialogue et de l’humain. À ce niveau, son bilan est éloquent.

Je voudrais, dans ces quelques lignes, évoquer le maître et l’homme. Je le fais par devoir d’amitié et de reconnaissance. Je peux m’honorer d’avoir été un ami de Pellegrini dont j’ai pu mesurer les qualités indéniables. J’en garde un souvenir impérissable. Cette amitié a rejailli sur mes recherches linguistiques. Il n’est pas un article sur les arabismes où je ne le cite pour tous ses travaux qu’il a commencé juste après la Seconde guerre mondiale à Pise, qu’il continua à Palerme puis à Trieste et enfin à Padoue où je l’ai connu en tant qu’élève. Le disparu était un grand ami de tous les lexicographes et étymologistes arabisants méditerranéens du Maghreb et du Proche Orient, il faisait souvent escale chez les Pères blancs de Tunis ou d’Alger, chez les Philologues et les Linguistes des grandes capitales de l’Europe centrale, mais aussi les chercheurs les plus humbles des langues régionales qu’il appelait « montagnardes », mais qui ont marqué, selon lui, notre xxe siècle. Il parlait à la perfection une dizaine de langues, de l’arabe au hongrois, du roumain au serbo-croate, de l’occitan au valdotain et naturellement le ladin – sa « langue de lait », disait-il – qu’il cultivait chèrement et à laquelle il a consacré de nombreuses études et de nombreux ouvrages.

Il était né à Cencenighe dans la montagne de l’Agordino près de Belluno, le 23 février 1921. Son père, pharmacien du village, l’envoya à Belluno pour continuer ses études au lycée classique Le Titien. En 1945, il devint lauréat en Lettres italiennes à l’Université de Padoue, où il reviendra quelques années plus tard,  pour occuper pleinement la Chaire de Glottologia au Dipartimento di discipline linguistiche comunicative e dello spettacolo. Ce maître incontesté avait fait des idiomes sa raison de vie, la clé de voûte des cultures, dans l’espace du respect et du dialogue. Le Linguiste Giovanni Battista Pellegrini, Giovan Battista ou Giambattista, comme il aimait signer ses travaux et comme l’appelaient tous ses amis, nous a quitté le 3 février 2007, dans une chambre du grand hôpital de Padoue, après avoir laissé un vaste patrimoine de recherches, quelque 864 contributions entre articles et essais :

* Son ouvrage majeur demeure naturellement pour nous : Gli arabismi nelle lingue neolatine, 2 vol., Brescia : Paideia editrice, 1972.

* Mais nous pourrions signaler aussi, au titre d’études générales : Studi di etimologia, onomasiologia e di lingue in contatto, Alessandria : Ed. dell’Orso, 1992 ;

* et, au registre de ses travaux sur les dialectes d’Italie, à côté de ses Saggi sul Ladino dolomitico e sul Friulano, Bari : Adriatica, 1972, lesquels furent suivis de nombreux autres travaux sur le ladin, un autre ouvrage qui intéresse tout particulièrement notre champ d’études, à savoir : Ricerche sugli arabismi italiani con particolare riguardo alla Sicilia, Palermo : Centro di studi filologici e linguistici siciliani, 1989 ;

* sans oublier son importante contribution à la connaissance des toponymes d’Italie : Toponomastica italiana, Milano : U. Hoepli, 1990.

Les funérailles ont été célébrées au Palais du Bò de l’Université de Padoue dans la cour médiévale de 1222 devant une grosse foule de deux cents personnes, environ : professeurs, parents, amis et élèves selon l’antique rite de l’université padouane, c’est-à-dire en rehaussant la bière trois fois en honneur de l’érudit vénitien. Deux amis, ses élèves, rendirent ensuite un long hommage au savant, l’un à l’homme et l’autre à l’infatigable chercheur.

En évoquant le savant et l’homme, je dirai pour ma part que Giovan Battista Pellegrini était bien le travailleur acharné, l’homme de l’assuidité mais aussi de la modestie. Il n’a jamais failli à l’écoute de l’Autre et à ses engagements envers lui. Homme des positions courageuses, il n’a jamais caché la vérité ou, du moins, ce qui lui semblait être la vérité, ni couru derrière les honneurs, même si Belluno lui décerna son prestigieux Prix San Martino (1990) et qu’il représenta pour elle, comme affirmait Ester Cason Angelini, une colonne impérissable de la culture et de la recherche linguistique. Outre celui de ses grands travaux, c’est le souvenir de l’homme qui restera vivant en nous.

 

 

 

 

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