HOMMAGE À :

 

 

 

 

 

 

 

 

Omar Benchheikh

 

 

 

 

Dernière mise à jour le samedi 24 janvier 2009

         

 

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* Hommage rendu dans notre Bulletin n° 5

 

 

 

Hommage rendu dans notre Bulletin n° 5, 1er semestre 2005

 

Hommage à Omar Bencheikh

 

par Roland LAFFITTE, SELEFA & Antoine Lonnet, Cnrs, Paris

 

Omar Bencheikh n’est plus. Il nous a quitté brutalement, au matin de ce 23 avril, alors qu’il allait prendre la route pour passer quelques jours à tenir le rôle – qui lui était si cher – de grand-père.

Il est né le 27 décembre 1940 à Menzel Bouzelfa, dans la province du Cap-Bon, en Tunisie. Amoureux de la langue arabe, il reçut, à Tunis et à Damas, une excellente formation aux sciences de la tradition arabe, qu’il compléta plus tard à Paris auprès des plus grands maîtres, comme Régis Blachère et David Cohen. C’est en effet en France, où il arriva en 1968, qu’il fonda une famille et qu’il consacra sa vie à la recherche, dans le cadre du CNRS, tout en entretenant des liens étroits avec son pays natal, gardant de surcroît ces dernières années une blessure secrète causée par la situation du Monde arabe. Tous ses amis pleureront un homme dont la gentillesse, les qualités de cœur, la curiosité intellectuelle et la discrétion étaient extrêmes.

Il fut aussi un linguiste passionné. Il fut remarqué par le grand Régis Blachère, qui le choisit comme membre de l’équipe des collecteurs et rédacteurs de son Dictionnaire arabe-français-anglais, ouvrage  que la disparition de son maître d’œuvre limita aux premières lettres de l’alphabet mais qui garde tout son intérêt et continue de faire l’admi-ration des spécialistes. C’est ainsi qu’il fit ses armes de lexicographe. Il s’intéressa ensuite à l’étude d’Al-Zamakhshari (1070-1143), auteur qui s’illustra dans de nombreux domaines, notamment dans la défense de la philosophie muctazilite, et fut un analyste brillant de la langue arabe : il se consacra tout particulièrement à la partie grammaticale de l’œuvre de cet immense savant. Ainsi formé aux meilleures sources et par les meilleurs maîtres, grammairien érudit, il lui fut demandé d’as-surer un enseignement de grammaire arabe à l’Université de Paris III.

Ce socle de solides compétences lui permit d’engager ce qui fut sans doute l’Œuvre de sa vie scientifique, un projet de Dictionnaire d’arabe andalou, auquel il s’est dévoué corps et âme. Collectionnant patiemment les textes, visitant et annotant assidûment tous les travaux passés et contemporains touchant à ce sujet, dépouillant minutieusement toutes les publications nouvelles à l’affût d’un terme ou d’une expression courants ou inédits, il a pu, au fil du temps, rassembler une bibliothèque de travail d’une richesse exceptionnelle, sans parler du corpus lexical et littéraire - la poésie andalouse n’avait pas de secrets pour lui - qu’il gardait dans son excellente mémoire. La qualité de sa documentation et de sa démarche qui ont impressionné tous ses collègues laissent penser que nous avons là les matériaux d’une œuvre comparable au Supplément aux dictionnaires arabes que nous laissa il y a maintenant un siècle et demi un Reinhardt Dozy. Sa maîtrise inégalée des sources andalouses lui permettait d’ailleurs d’apporter des éléments précieux à l’étude étymologique et tout particulièrement celle des emprunts arabes par les langues européennes, aventure dans laquelle il s’était engagé avec enthousiasme en participant activement à la Selefa et notamment à la rédaction de son Bulletin.

Esprit curieux et disponible, il éclaira récemment de ses lumières une étude faite avec Micheline Galley, « À propos d’un manuscrit de la geste hilalienne conservé à la Bibliothèque Vaticane » (voir Oriente moderno, xii, 2003), ce qui ne l’empêchait pas de cultiver avec gourmandise les richesses littéraires et culturelles de son pays d’accueil pour devenir un authentique homme des Deux rives.

S’il est possible de sauver les trésors que Omar Bencheikh a amoureusement rassemblés pour élaborer son Dictionnaire d’arabe andalou, et tout sera fait par ses amis et collègues en ce sens, il en est un qui s’en va avec lui, c’est son extraordinaire mémoire de la culture et de la langue de son pays natal, celles de la paysannerie tunisienne du Cap-Bon, pays où, selon ses vœux, il reposera.<

 

 

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